Santé féminine : revendiquer une meilleure connaissance de l’équilibre hormonal

Santé féminine : revendiquer une meilleure connaissance de l’équilibre hormonal

Dans cet article par Camille Poulin, naturopathe de Mon Régal Végétal, découvrez les injustices auxquelles les femmes font quotidiennement face par rapport à leur santé ainsi que des solutions pour appuyer le changement.

Le 8 mars, c’est la journée internationale de la lutte pour les droits des femmes. On peut voir cette journée comme le symbole de la lutte pour l’égalité féminine dans plusieurs domaines, dont la politique et les emplois (salaires et conditions de travail), mais cela va plus loin. Comment se fait-il qu’en 2022, les femmes se voient désavantagées au niveau des services médicaux? Encore aujourd’hui, beaucoup de femmes ne sont pas prises au sérieux par rapport à leur santé et ne reçoivent pas de traitements réellement adaptés à leurs besoins. La santé féminine globale passe avant tout par une meilleure connaissance individuelle du système hormonal et des moyens concrets pour vivre une vie féminine pleinement équilibrée et épanouie. Dans cet article par Camille Poulin, naturopathe de Mon Régal Végétal, découvrez les injustices auxquelles les femmes font quotidiennement face par rapport à leur santé ainsi que des solutions pour appuyer le changement.

 

Faire face aux préjugés qui altèrent le traitement médical reçu par les femmes

 

 Il n’est pas nouveau que les femmes soient désavantagées en raison de leur cycle menstruel. Un exemple très simple est le suivant : autrefois, dans certaines religions, les femmes ayant leurs règles se voyaient interdire l’accès aux lieux de culte parce qu’elles étaient alors considérées comme impures. Aujourd’hui, les femmes peuvent encore être désavantagées dans les milieux de travail par rapport à leurs règles, surtout lorsqu’elles évoluent dans un environnement très masculin. Par exemple, plusieurs femmes rapportent que des collègues utilisent l’accusation ironique qu’elles sont dans leur SPM pour discréditer leurs propos lorsqu’elles font des revendications ou prennent une place qui dérange. Est-ce qu’on oserait dire quelque chose de similaire à un homme qui prend la parole? Dans certains milieux, il est encore parfois mal vu que les femmes occupent des positions de leadership, et le fait d’utiliser leur cycle hormonal pour les ridiculiser et diminuer leurs propos démontre qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire pour atteindre l’équilibre entre les sexes.

 

Par ailleurs, il semble aberrant que les femmes soient encore aujourd’hui désavantagées monétairement à cause de leurs menstruations. Elles doivent payer toute leur vie pour des protections sanitaires, ce qui représente un total de milliers de dollars au cours des trente à quarante ans de fertilité – un montant que les femmes paient seulement en raison de leur physiologie et que les hommes n’auront jamais à payer!

 

Au niveau médical, à travers le monde, il semblerait que les femmes font généralement face à plusieurs problématiques quant à leur accès à des soins adaptés à leurs besoins, notamment en raison de préjugés sur leur sexe. Plusieurs femmes médecins dénoncent ces inégalités, qu’elles observent au sein de leur clientèle féminine, sur leur site web et les réseaux sociaux, notamment Aviva Romm, Lara Briden, Jolene Brighten, Carrie Vitt et Carrie Jones. Le livre « Santé féminine : Hommes et femmes sont différents face à la maladie » de Karen Jensen, médecin naturopathe ontarienne, est également un excellent ouvrage pour mieux comprendre le paradigme qui existe entre les soins de santé procurés aux hommes et aux femmes.

 

Premièrement, le profond problème part du fait que les femmes sont, dès leur jeune âge, soit non informées ou mal informées sur le vrai fonctionnement de leur système hormonal. On ne leur apprend pas que le système hormonal dépend d’un précieux équilibre entre la production d’oestrogènes, de progestérone et de testostérone, ni que le stress, l’hygiène de vie et l’alimentation ont un grand impact sur leurs hormones. Quand un problème hormonal se présente, plutôt que d’investiguer la source première du déséquilibre, elles se font souvent automatiquement prescrire la pilule contraceptive comme solution miracle pour ``équilibrer leurs hormones``. La vérité, comme en parlent souvent Jolene Brighten et Lara Briden sur leur page Instagram, est que les contraceptifs hormonaux n’équilibrent pas les hormones; ils suppriment plutôt le cycle hormonal naturel du corps, inhibent l’ovulation et la production de progestérone et le remplacent par des hormones synthétiques qui n’ont pas le même impact et viennent plutôt masquer les symptômes. Toutes les femmes devraient avoir le droit de connaître leur véritable fonctionnement hormonal et comment parvenir à le rééquilibrer naturellement plutôt que de se faire donner des solutions temporaires qui camouflent le véritable problème sans le régler. Cela entraîne aussi la conception répandue que les déséquilibres hormonaux comme les douleurs menstruelles importantes, les SPM intenses ou autres symptômes invalidants sont « normaux » puisque « toutes les femmes en souffrent ». Cependant, ce n’est pas parce que les déséquilibres hormonaux sont aujourd’hui communs et font partie de la norme que cela est normal, sain et optimal! En adressant les véritables causes des déséquilibres hormonaux, il est grandement possible de retrouver une qualité de vie supérieure et de ne plus être incommodée par des problèmes de ce genre! Se faire dire que c’est normal de souffrir, c’est simplement une autre façon de diminuer le vécu féminin comme s’il était sans importance.

 

C’est d’ailleurs un autre problème majeur auquel les femmes font face dans le domaine médical : elles ne sont souvent pas prises au sérieux lorsqu’elles expriment des inconforts. Comparé aux hommes, les femmes voient souvent leurs symptômes minimisés ou qualifiés de « psychosomatiques ». Elles ont en général de la difficulté à obtenir des tests ou des diagnostics, même en présence de symptômes invalidants, et ont tendance à se faire prescrire des antidépresseurs ou des anxiolytiques au moins quatre fois plus souvent que les hommes, même si elles présentent des symptômes identiques. Des femmes avec des conditions sérieuses comme de l’hypothyroïdie ou des maladies auto-immunes doivent en moyenne voir 5 à 7 spécialistes différents, sur une moyenne de 5 ans, avant d’être finalement prises au sérieux et recevoir un diagnostic! Au niveau médical, ce sont souvent des hommes qui soignent les femmes, et il existe encore une attitude paternaliste biaisée à leur égard; on a peu tendance à les écouter, et plutôt propension à diminuer l’importance de ce qu’elles vivent en y apposant le terme émotionnel, psychologique ou psychosomatique au lieu d’investiguer sur les causes du problème.

 

Un autre point important souligné par Karen Jensen dans son ouvrage, c’est que les femmes sont médicalement considérées comme des ``petits hommes`` alors qu’elles devraient plutôt être perçues comme des êtres à part entière puisque leur fonctionnement biologique est différent de celui des hommes. Les études cliniques sont réalisées sur des groupes d’hommes, les femmes en étant généralement exclues justement en raison de variables comme le cycle menstruel, ce qui donne des posologies médicamenteuses et des normes de paramètres biochimiques adaptés aux besoins des hommes, mais pas nécessairement à ceux des femmes! Les femmes se retrouvent souvent avec de mauvaises posologies, elles sont plus incommodées par les effets secondaires et demeurent souvent sous-diagnostiquées ou sous-traitées puisqu’elles ne cadrent pas dans les normes médicales établies majoritairement sur des hommes.

 

Finalement, comme le dénoncent vivement Aviva Romm et Jolene Brighten, les femmes sont encore aujourd’hui fréquemment victimes de procédures médicales ne respectant pas leur volonté et se révélant potentiellement traumatisantes, comme des violences obstétricales durant l’accouchement, des attouchement non consentis lors d’examens généraux et plus encore. 

 

Que faire face à ces inégalités? Des bases pertinentes pour la santé féminine

 

Qu’est-ce qu’on peut faire aujourd’hui, en tant que femme, pour combattre ces injustices? Il faut d’abord exiger d’être prise au sérieux quand on a besoin d’aide, être en droit de refuser des traitements ou des manipulations si nous n’en voulons pas, demander à obtenir plus d’égalité de traitement sans préjugé par rapport au sexe et faire entendre nos voix par rapport à ces inégalités. Le plus important demeure d’éduquer les femmes sur le véritable fonctionnement de leur cycle et de leurs hormones, en leur donnant des bases saines pour reconnaître quand un déséquilibre et présent et comment l’améliorer. Pour cela, vous trouverez sur notre blogue de nombreux articles sur la santé de la femme, dont « Célébrer la féminité avec les plantes médicinales » et « Cette St-Valentin, découvrez les aphrodisiaques naturels ». Par ailleurs, Camille a monté une conférence de presque 2h sur les bases de la santé hormonale, le fonctionnement du cycle et les solutions naturelles possibles, appelée « Femmes, faites la paix avec vos hormones! ». Vous pouvez en apprendre plus sur la conférence et vous la procurer sur son site web dans l’onglet Naturopathie - Conférences.

 

 Voici quelques bases pertinentes qui s’appliquent pratiquement à toutes les femmes, peut importe leur âge, pour assurer un bon équilibre hormonal. Évidemment, il est toujours pertinent de valider toute approche naturelle avec votre naturopathe pour assurer qu’elle vous convienne. De façon générale, les plantes toniques nutritives comme la paille d’avoine et les feuilles d’ortie sont de grandes amies de la femme. En infusion prolongée de plusieurs heures (2 à 3 c. à table de chaque dans 1L d’eau tiède infusé toute la nuit), ces plantes peuvent être bues quotidiennement pour procurer vitamines (plusieurs vitamines B, vitamine K1, provitamine A), antioxydants (dont la chlorophylle) et minéraux (dont le calcium, le magnésium et le fer). Elles permettent de soutenir le système nerveux, équilibrer le système endocrinien et nourrir le système hormonal et l’utérus. Le framboisier est une plante pouvant être ajoutée dans la routine féminine comme tonique utérin. Elle fortifie l’utérus et, au niveau énergétique, elle aide à purifier les traumatismes de notre matrice utérine (abus sexuels, viol, accouchement traumatique, etc.). Les pétales de rose sont aussi de grandes alliées en infusion chaude ou froide et dans tous les mélanges de tisanes ainsi que dans les bains; la rose apporte douceur, amour et tendresse dans notre vie. Elle nous aide à faire la paix avec notre énergie féminine profonde, notre féminin sacré parfois enseveli sous la souffrance. Elle nous aide à pardonner et à avancer. Les plantes adaptogènes, dont il est question dans cet article, sont aussi très intéressantes pour toute femme anxieuse, stressée ou exposée à un rythme de vie effréné. Elles supportent les glandes surrénales et aident le corps à s’adapter au stress, permettant un meilleur équilibre de tout le système endocrinien et hormonal facilement déséquilibré en cas de stress.

 

Une alimentation de type anti-inflammatoire, nutritive et non transformée, est aussi très importante pour prévenir de nombreux problèmes féminins inflammatoires comme les douleurs menstruelles et l’endométriose. Les bons gras (jaune d’œuf bio; poissons gras comme sardines, maquereaux et saumon sauvage; graines de lin moulues et de chanvre, citrouille et tournesol; petites quantités occasionnelles d’avocat; huiles d’olive, lin, caméline, chanvre ou coco de 1ère pression à froid; etc.) et les protéines (viande biologique de pâturage, viande sauvage (chasse), poissons sauvages, fruits de mer, œufs fermiers bio, tofu ou tempeh bio) sont particulièrement importants à assurer dans l’alimentation quotidienne puisqu’ils agissent comme « blocs de construction » essentiels dans la production hormonale. Une alimentation trop riche en glucides transformés (pain, pâtes, farines, pâtisseries, riz, céréales, patates, etc.) viendra déséquilibrer le ratio protéines, glucides et lipides et favoriser plusieurs problématiques.

 

Dans ma pratique et celle de plusieurs naturopathes ainsi que selon des études menées sur différents groupes, il a été remarqué que le végétarisme et, surtout, le végétalisme stricts n’étaient pas les régimes alimentaires les plus adaptés aux besoins des femmes sur le long terme. En effet, l’alimentation végétale est très riche en anti-nutriments nuisant à l’absorption de minéraux essentiels à l’équilibre hormonal comme le fer et le zinc, qui sont beaucoup plus biodisponibles dans les sources alimentaires animales. Il a été remarqué que les femmes supportaient moins bien les régimes végé que les hommes et présentaient souvent plus de carences en nutriments comme le fer (essentiel à la formation du sang), le zinc (essentiel à la fertilité et à la thyroïde) et l’iode (essentiel à la thyroïde et aux ovaires), probablement en raison de besoins accrus. La plupart des femmes végé finissent par devoir se supplémenter en fer en raison d’anémie chronique durant la période fertile où les saignements nuisent à la réserve de fer. Par ailleurs, en absence de consommation de poisson, une carence en omégas 3 est pratiquement automatique chez les végé (voir un article détaillé à ce sujet ici), ce qui peut grandement impacter l’inflammation et l’incidence de douleurs menstruelles. Ainsi, il est important d’adapter l’alimentation aux besoins physiologiques de l’organisme et de se rappeler que le problème avec les produits animaux n’est pas leur consommation en tant que telle, mais plutôt la qualité de ceux que l’on consomme. En optant pour des viandes locales de pâturage nourries à l’herbe, des œufs fermiers biologiques de poules en vraie liberté et des poissons sauvages issus de pêche responsable, on limite une grande partie des problèmes liés à la consommation d’animaux d’élevage (destruction des habitats, importations d’endroits éloignés, animaux élevés dans des mauvaises conditions et nourris au maïs et au soya plein de pesticides, etc.).

 

Il existe plein d’autres informations pertinentes pour assurer l’équilibre hormonal chez la femme, mais cela sera détaillé dans d’autres publications éventuelles. J’espère que cet article vous aura donné envie d’en apprendre plus sur votre santé hormonale afin de devenir pleinement maîtresse de votre vie et de répandre les connaissances pour que les inégalités entre les hommes et les femmes deviennent un jour chose du passé.

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