Devrais-je faire une « détox » après le temps des Fêtes?

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  • By Camille Poulin N.D.
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Devrais-je faire une « détox » après le temps des Fêtes?

Découvrez le fameux concept de « détox » et ce qu’il en est vraiment dans cet article par Camille, naturopathe du blogue Mon Régal Végétal!

Ah, le temps des Fêtes et ses nombreux excès de (mal)bouffe et d’alcool… Combien de personnes commencent-elles la nouvelle année avec des capacités digestives engorgées et l’impression de devoir faire un petit « nettoyage »? En janvier, on entend souvent les gens dire qu’ils auraient besoin d’une « détox »… mais comprend-on vraiment ce que cela veut dire? Et surtout, est-ce vraiment la solution appropriée à ces inconforts digestifs? La réponse vous surprendra peut-être… Découvrez le fameux concept de « détox » et ce qu’il en est vraiment dans cet article par Camille, naturopathe du blogue Mon Régal Végétal!

 

Détox… ou pas détox?

 

Personnellement, je n’aime pas le mot détox ni sa manière d’être utilisé à toutes les sauces par des personnalités variées qui ne comprennent pas nécessairement la complexité des mécanismes biochimiques du corps humain. Quand on parle de « détox » au sein du grand public, on réfère souvent à une genre de « purge » par laquelle le corps se nettoierait de ses déchets et « impuretés » à grand coup de plantes laxatives. Cependant, sachez que de passer la journée aux toilettes en essayant de faire une « détox » n’a absolument rien à voir avec la capacité du corps ou non à éliminer ses déchets. Pire, ces fameuses cures miracles du genre « Détoxifiez votre corps en seulement 7 jours » sont souvent agressives pour l’organisme en plus de ne pas cibler la véritable cause des inconforts digestifs. Mon discours vous surprend? Pourtant, de nombreux naturopathes compétents vous diraient la même chose. Pour mieux comprendre l’origine de la dissonance entre ce qu’on entend sur les cures de détox et sur la réalité derrière celles-ci, laissez-moi vous expliquer un peu le fonctionnement de votre corps en termes de digestion et de gestion des déchets métaboliques.

 

Notre corps est une machine formidablement intelligente 

 

Je ne le dirai jamais assez : la fonction primaire de notre corps à chacun, c’est de nous garder en vie. Notre corps possède une intelligence primitive fondamentale : celle de préserver notre fragile équilibre au mieux de ses capacités afin de maintenir l’homéostasie primordiale à la vie. Un organisme est un milieu fourmillant de vie où des milliers de réactions enzymatiques et biochimiques se déroulent chaque seconde dans le simple but de nous garder dans la meilleure condition possible. Cependant, notre corps, dans sa grande intelligence, ne peut fonctionner qu’avec ce qu’il a comme ressources. Pour chacune de ses réactions (que ce soit la production d’hormones, de neurotransmetteurs ou d’énergie au niveau cellulaire, les processus de digestion, etc.), il a besoin de nutriments. Une grande majorité de réactions biochimiques sont en fait effectuées par des enzymes, de petites unités protéiques impliquées autant dans la transformation du glucose en énergie que dans la détoxification hépatique et beaucoup plus. Or, ces enzymes ont besoin, pour leur fonctionnement, de cofacteurs permettant les réactions; ces cofacteurs sont souvent des nutriments comme les vitamines B, le magnésium, le zinc, le fer… Ainsi, notre terrain interne est-il intrinsèquement relié à ce qu’on lui fournit dans notre alimentation quotidienne. Le problème de l’homme moderne, c’est qu’il n’a jamais, dans toute l’histoire de son évolution, été exposé à la fois à tant de carences nutritionnelles… et, paradoxalement, à d’aussi grands besoins en nutriments. En effet, les sols sont de plus en plus dénutris en raison de l’agriculture intensive, de la monoculture et de l’utilisation de pesticides, tandis que l’alimentation n’a jamais été aussi transformée que dans la dernière moitié du siècle. Par ailleurs, l’humain moderne est soumis à de grands besoins nutritionnels pour maintenir son équilibre puisqu’il évolue dans un contexte requérant énormément de réactions biochimiques pour demeurer en homéostasie. Prenons par exemple le stress : si, au cours de notre évolution depuis le paléolithique, il a toujours fait partie de notre vie, nous vivions beaucoup plus souvent des épisodes de stress subit de courte durée (suivi d’une période de repos et de récupération), mais peu de stress chronique comme on en vit aujourd’hui. L’homme moderne est un grand stressé, et le stress chronique est un immense grugeur de nutriments comme le magnésium et les vitamines B, augmentant les besoins nutritionnels. Il en va de même pour la charge toxique : pour que le foie puisse effectuer correctement sa détoxification et gérer tous les déchets toxiques desquels nous sommes aujourd’hui bombardés (pesticides, fongicides, métaux lourds, colorants, conservateurs, perturbateurs endocriniens issus de l’air, de l’eau, de la nourriture, des produits d’hygiène et nettoyants, des vêtements et tissus, des meubles et matériaux de construction, des médicaments, des véhicules à essence, de l’environnement général), il a besoin d’énormément de nutriments, beaucoup plus qu’à une époque pas si lointaine où toutes ces molécules chimiques n’existaient aucunement et où il était beaucoup plus facile de gérer des molécules issues de la nature.

 

Quel est le lien entre nutrition et détoxification?

 

La détoxification hépatique est un processus complexe qui requiert une grande quantité de nutriments pour fonctionner adéquatement. Qu’est-ce qu’on entend au juste par détoxification hépatique? Il s'agit des réactions biochimiques qui se déroulent dans notre foie dans le but d’éliminer les molécules qui entrent dans notre corps par l’eau, l’air, la nourriture ou la peau. Pour qu’elles soient éliminées via l’urine ou les selles, ces substances doivent être transformées par divers mécanismes regroupés sous les termes de phase 1 et phase 2. Ces phases de détoxification impliquent plusieurs mécanismes enzymatiques exigeant de nombreux nutriments comme cofacteurs afin de se dérouler efficacement. Selon les molécules à éliminer, le foie utilisera différentes voies hépatiques et différents nutriments. Par exemple, la sulfatation requiert du soufre et est utilisée pour éliminer des molécules issues des aliments comme les oxalates, les phénols et les amines. Certaines voies nous permettent d’éliminer des produits chimiques, d’autres l’alcool, des conservateurs ou encore des hormones dont le corps n’a plus besoin. Toutes ces réactions exigent une grande quantité de nutriments comme les vitamine B, le magnésium, le zinc, le soufre, le fer, les acides aminés pour fonctionner adéquatement. Moins on mange bien (aliments raffinés, agriculture non biologique), plus on augmente les risques de carence nutritionnelles, et plus on diminue l’efficacité de nos processus cellulaires en général, dont l’efficacité de notre foie à détoxifier adéquatement notre organisme. Par ailleurs, plus on augmente notre charge toxique, c’est-à-dire plus on est exposés à des substances chimiques de toutes sortes (en ne mangeant pas bio, en utilisant des produits corporels, cosmétiques et ménagers industriels, etc.), plus active les voies de détoxification, et plus on augmente les besoins nutritionnels qui y sont associés. Cependant, il peut arriver que, si une voie hépatique est trop fortement sollicitée et qu’il y a un manque de nutriments permettant son fonctionnement, cette voie cesse de fonctionner adéquatement, entraînant l’accumulation graduelle de toxiques dans l’organisme. Si le foie se retrouve surchargé de travail, on voit évidemment l’efficacité de la détoxification hépatique diminuer. Cela peut se traduire de nombreuses manières à plus ou moins long terme : troubles digestifs (particulièrement associés à la consommation de gras), fatigue post-prandiale, brain fog, douleurs, voire déséquilibres métaboliques comme le cancer (maladie souvent associée à une importante charge toxique).

 

Comment puis-je soutenir mon foie au quotidien?

 

Vous l’aurez compris, il existe un important lien entre les nutriments que l’on apporte à notre corps et l’efficacité de la détoxification par le foie. Une alimentation saine et équilibrée, riche en légumes et fruits idéalement bio et en aliments non raffinés (légumineuses, céréales entières, superaliments, produits animaux bio comme œufs, viande de pâturage et poissons gras en petites quantités) ainsi que l’évitement au maximum des substances toxiques (en optant pour des produits corporels et ménagers naturels comme ceux retrouvés à la boutique) sont la BASE essentielle à la santé hépatique avant tout. L’exercice physique, qui participe à l’élimination des déchets, ainsi que des nuits de 8h de sommeil récupérateur aideront aussi grandement en ce sens (le foie étant à son plus actif dans la détoxification entre 1h et 3h du matin). Une bouillotte chaude sur le foie (côté droit, sous l’aisselle, près des côtes) au coucher et durant la nuit peut d’ailleurs supporter les fonctions hépatiques nocturnes puisque le foie aime les température un peu plus chaudes (autour de 39°C). 

Une fois que ces piliers de la santé seront mis en place, nous pouvons compléter avec des plantes et suppléments pour supporter les fonctions hépatiques. Comme vous l’aurez compris, j’ai beaucoup plus tendance à suggérer de nourrir et soutenir l’organisme pour aider le foie plutôt que de chercher à drainer l’organisme à coup de laxatifs. Je ne sais pas pourquoi on pense que le fait de se vider sur la toilette « nettoie » automatiquement l’organisme; ce n’est pas nécessairement le cas si les fonctions hépatiques ne sont pas soutenues, et on peut même rendre l’intestin paresseux ou irrité en procédant de la sorte. En cas de constipation, avant de chercher une « purge », commencez-donc par manger vos fibres et vos 10 portions de légumes et fruits par jour, à faire de l’exercice, à boire 2L d’eau et, au besoin, à optimiser la fonction biliaire et le microbiote avant de se jeter sur les plantes laxatives potentiellement irritantes qui ne règlent pas le problème à la source.

 

Quelques outils supplémentaires pour la santé hépatique

 

En lisant cet article, vous aurez compris que je ne suis pas fan des « cures miracles de détox » où l’on propose un nettoyage miraculeux du corps en 7 jours, sans aucunement modifier les habitudes de vie. Si on se sent plus fatigué et « engorgé » en janvier, après le temps des Fêtes, on peut commencer par revoir son hygiène de vie pour cibler les aspects problématiques à améliorer (alimentation, hydratation, exercice, sommeil, gestion de stress…). On peut aussi décider de diminuer légèrement son apport alimentaire; souvent, on mange beaucoup plus que ce dont notre corps a besoin par simple gourmandise, ce qui peut épuiser nos réserves digestives et favoriser les inconforts. Le secret de la longévité serait d’ailleurs de manger moins et de ne jamais avoir à se dire qu’on a « trop » mangé, mais plutôt qu’on aurait encore une petite place en mangeant aux ¾ de nos capacités digestives. Le jeûne intermittent, qui consiste à cesser de manger après souper et jusqu’au lendemain pour une durée de 12 à 16h, permet aussi de mettre le système digestif au repos et de se régénérer.

 

Par ailleurs, je soutiens que si on veut faire un réel « nettoyage » de l’organisme avec des plantes soutenant spécifiquement l’élimination par le foie, les intestins et les reins, il est beaucoup plus pertinent d’attendre au printemps. En effet, en plein hiver, notre corps est en mode « stockage » et « hibernation »; il est normal de se sentir plus fatigué et moins au top, surtout avec la baisse d’ensoleillement et la perte de fraîcheur des aliments importés. En attendant le printemps, il est possible de soutenir le foie et les organes éliminateurs en douceur avec des plantes comme le pissenlit, l’ortie, l’avoine, l’artichaut, le curcuma, le chardon-marie et la betterave, ou encore le desmodium, une de mes plantes chouchous qui soutient le foie, le système lymphatique et les reins tout en douceur pour une élimination tranquille adaptée à la saison. Le jus d’herbe de blé, très riche en nutriments (« multivitamines » vivante idéale pour soutenir les besoins hépatiques), peut également être intéressant pour apporter un petit boost d’énergie et aider le corps à se revitaliser. Gardez les « cures » de nettoyage plus intensives pour le printemps, période où le corps se réveille et ne demande qu’à se débarrasser des surplus accumulés durant l’hiver! Si cela vous intéresse, consultez mon article « Accueillir le printemps avec les plantes médicinales » pour vous préparer à un nettoyage plus en profondeur vers le mois d’avril/mai. D’ici là, commencez par rééquilibrer votre hygiène de vie, le pilier de base d’une santé optimale, et n’hésitez pas à passer en magasin pour des conseils adaptés! Vous pouvez également prendre rendez-vous en naturopathie pour un accompagnement personnalisé vers une meilleure vitalité en m’écrivant à [email protected] ou en contactant mes collègues naturopathes chez Un Monde à Vie.

 

Pour finir, si vous voulez aller plus loin, consultez aussi mon précédent article « 10 suppléments pour bien commencer le nouvel An » sur le blogue. 

 

Bonne année 2021 à tous et prenez soin de votre santé, ce qu’il y a de plus précieux mais qui relève avant tout de notre responsabilité individuelle!

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