Les conifères, des alliés pour l’hiver

Les conifères, des alliés pour l’hiver

Découvrez-en plus sur l'utilisation des conifères dans cet article par Camille Poulin, naturopathe de Mon Régal Végétal.

La nature est une riche enseignante pour quiconque sait prendre le temps de l’observer. Lors de l’arrivée de la saison froide, la plupart des arbres se préparent à l’hiver en délaissant leur feuillage. Cependant, les conifères, eux, conservent leurs aiguilles malgré le froid (à l’exception du mélèze). Parfaitement adaptés aux rudesses des climats nordiques, les conifères nous démontrent force et résilience malgré un environnement hostile. En tant qu’habitants de ce même climat, il est simplement logique de se tourner vers ces alliés locaux qui savent révéler de nombreuses vertus lorsque l’on s’y penche un instant. Que ce soit d’un point de vue physique ou énergétique, au moyen de simples marches en forêt ou de l’utilisation d’infusions et d’huiles essentielles, les conifères peuvent s’avérer de véritables alliés pour l’humain durant l’hiver. Découvrez-en plus à ce sujet dans cet article par Camille Poulin, naturopathe de Mon Régal Végétal.

 

 L’énergie tonique des conifères

 

De manière générale, les conifères sont des arbres fiers, droits et résistants qui demeurent verts à l’année et sont capables de s’adapter à de grands écarts de température sans trop broncher. Leur énergie est très tonique, mais aussi réconfortante et égayante. Riches en huiles essentielles, leurs épines ou aiguilles possèdent des propriétés intéressantes pour maintenir la santé de nos voies respiratoires, notre immunité et notre énergie vitale. Ils nous offrent solidité, ancrage, force, stabilité et résilience à travers les changements qui nous entourent, même au plus profond de l’hiver, lorsque la lumière, la chaleur et l’espoir se font plus rares. Pins, sapin, pruche, épinettes et cèdre (thuya) possèdent tous des points communs de même que des particularités qui leur sont propres. 

 

Avant de vous initier aux propriétés médicinales des conifères, commencez d’abord par vous familiariser avec eux lors de marches en forêt. Apprenez à observer, à distinguer les écorces, les branches, les aiguilles et les différents aspects de ces arbres. Avant de procéder à des cueillettes, assurez-vous de savoir identifier adéquatement les arbres afin d’éviter de mauvaises surprises. Par exemple, l’if du Canada est un genre d’arbuste dont les branches et aiguilles pourraient ressembler à celles d’un petit sapin pour les cueilleurs débutants… mais l’if du Canada se révèle toxique et ne doit pas être ingéré! Sachez qu’il existe des cours d’identification bien intéressants sur le terrain si vous avez besoin d’approfondir ces connaissances. Attention à ne pas vous fier à 100% sur les applications ou les groupes virtuels d’identification qui présentent une marge d’erreur potentielle. Pour débuter votre initiation aux conifères, des sites comme celui de l'Association Forestière du Sud du Québec peuvent aussi être intéressants pour vous aider à identifier les traits marquants à repérer.

 

Maintenant, voici un résumé des propriétés de nos principaux conifères québécois.

 

Le sapin baumier :

 

Le sapin n’est pas appelé le roi des forêts pour rien : son allure noble, ses aiguilles plates et vert vif ainsi que ses délicieux arômes évocateurs du temps des fêtes en font un arbre splendide qui laisse rarement indifférent. Au niveau de son énergie, le sapin m’évoque celle d’un enfant : coquine, joyeuse, légère et festive. Riches en phénols et en résine, ses aiguilles matures possèdent un goût légèrement amer et des propriétés antiseptiques et décongestionnantes. Ce n’est pas pour rien que le sapin est depuis longtemps utilisé comme remède pour les infections des voies respiratoires, la congestion, la toux grasse. Il aide à dissoudre le mucus et à éliminer les pathogènes potentiellement présents en cas d’infection. Ses aiguilles matures peuvent être cueillies à l’année, même durant l’hiver, et utilisées pour concocter des tisanes ou des sirops. 

 

La résine de sapin est aussi utilisée depuis longtemps par nos ancêtres comme puissant antiseptique, mucolytique et purgateur. On dit que les coureurs des bois et les Premières Nations s’en servaient comme « gomme à mâcher » forestière. Très collante et amère, elle est aujourd’hui retrouvée sous la forme plus pratique de gélules. À haut dosage, elle peut cependant devenir émétique (vomitive). Il m’a déjà suffi de seulement deux gélules trop rapprochées pour en faire la désagréable expérience!

 

Les pousses de sapin sont récoltées à la fin du printemps, à une période qui varie selon les années et votre position géographique (souvent quelque part en mai ou début juin). Il s’agit de la jeune partie tendre et vert pâle qui pousse au bout de chaque nouvelle branche de sapin et qui lui permet de faire croître ses branches d’année en année. C’est pourquoi, par respect pour l’arbre et sa croissance, il est important de ne jamais cueillir toutes les pousses sur le même arbre (on prend 1 tige sur 3 par branche) et d’alterner ses sites de récolte chaque année. Les jeunes pousses sont riches en vitamine C, plus tendres et moins amères que les aiguilles matures. Elles sont aussi les plus versatiles. On peut les faire sécher, puis les utiliser en tisane ou les réduire en poudre à intégrer dans différentes recettes (gâteaux, muffins, crêpes, vinaigrettes, marinades de viande). Les pousses séchées peuvent aussi être macérées dans de l’huile d’olive biologique pendant quelques semaines pour obtenir une savoureuse huile au goût de sapin que l’on peut utiliser pour relever certains plats ainsi que pour créer un baume décongestionnant ou apaisant pour les douleurs musculaires et articulaires. Avec les pousses fraîches, on peut réaliser du miel de sapin, du vinaigre de sapin ou du sirop. Chaque utilisation du sapin dans la cuisine permet à la fois de procurer des saveurs du terroir inusitées et de supporter notre santé immunitaire en prévenant les infections des voies respiratoires durant la saison froide. J’adore utiliser mon miel, mon vinaigre, ma poudre ou mon huile de sapin en vinaigrette, en marinade et dans des recettes de desserts. 

 

Finalement, l’huile essentielle de sapin baumier peut être utilisée en diffusion durant la saison froide, tant pour son action antiseptique et respiratoire que pour procurer de la bonne humeur et une ambiance festive. Elle est parfois ajoutée dans des produits cosmétiques (déodorants, après-rasage, bombes de bain, sels de bain), mais attention aux produits faits maison puisqu’en vieillissant (1 an et +), certaines de ses molécules peuvent devenir dermocaustiques (peuvent brûler la peau). J’en ai déjà mis quelques gouttes dans mon bain, diluées dans du sel d’Epsom, et j’ai dû sortir après à peine 10 minutes parce que l’huile essentielle s’est mise à me brûler la peau! J’ai eu des plaques rouges qui chauffaient pendant quelques jours. Même chose pour un déodorant fait maison utilisé par mon conjoint. Précaution donc avec l’huile essentielle de sapin dans les cosmétiques et produits corporels.

 

Les épinettes

 

Au Québec, on retrouve différents types d’épinettes, principalement des blanches et noires (dans les forêts naturelles), parfois des rouges ou des épinettes de Norvège (principalement utilisées dans des régions comme la Gaspésie, où elles servent au reboisement). Leurs propriétés médicinales sont sensiblement les mêmes peu importe le type. Une des clés d’identification de cet arbre est justement ses « épines nettes », rondes et piquantes, bien dressées tout le tour de la branche (contrairement au sapin, dont les aiguilles plates sont à plat des deux côtés de la branche et ne piquent pas). Au niveau énergétique, l’épinette me fait penser à un guerrier protecteur – ses épines protègent contre les envahisseurs. Ses pousses s’utilisent de manière similaire au sapin : en tisane, miel, vinaigre, huile, poudre. Elles sont riches en vitamine C et en huiles essentielles et possèdent des propriétés antiseptiques, mais aussi toniques de l’énergie vitale. 

 

L’huile essentielle d’épinette noire peut être utilisée en diffusion pour son action tonique énergisante. Elle a aussi des propriétés « cortisol-like », c’est-à-dire qui mimiquent l’action du cortisol. Diluée dans une huile végétale, puis appliquée dans le haut du dos, sur les glandes surrénales, elle permet de donner un « boost » d’énergie vitale et de soutenir l’organisme dans des périodes de stress chronique et d’épuisement.

 

La pruche du Canada

 

La pruche est l’un de mes arbres préférés de tous les temps. On en retrouve beaucoup dans Lanaudière, mais malheureusement pas dans des climats comme la Gaspésie, où il fait trop froid pour qu’elle s’y plaise. Lorsque j’allais marcher dans des forêts de vieilles pruches, je sentais toujours une énergie douce, calmante, bienveillante et protectrice. La pruche évoque la sagesse, l’ancrage dans les périodes d’incertitudes. C’est l’énergie de la grand-mère. Se promener dans une forêt de pruches et leur faire des câlins peut apporter un grand sentiment de détente bienfaisante. En huile essentielle, la pruche peut être diffusée ou appliquée sur les poignets pour apporter douceur et réconfort dans les périodes d’incertitude et de transition, de deuil et de défis. 

 

Les pins

 

Au Québec, on retrouve des pins rouges, blancs et gris. Dans d’autres régions du monde, comme l’Europe, on peut retrouver d’autres variétés, notamment le pin maritime et sylvestre. Si vous avez déjà vu de grands pins, vous savez à quel point ces arbres peuvent devenir immenses, avec des troncs plus larges que la largeur des bras. Ils évoquent la sagesse, la noblesse, la force et la solidité. C’est pour moi l’énergie du grand-père. Les aiguilles de pin peuvent être utilisées en infusion pour une action antiseptique et tonique. L’huile essentielle peut être diffusée dans des périodes où le besoin d’ancrage et de force se fait sentir.

 

Le cèdre du Canada (thuya)

 

Le cèdre du Canada est un arbre envoûtant dont l’énergie mystique m’évoque celle d’un magicien. Son bois est souvent utilisé en construction extérieure pour ses propriétés uniques : c’est l’un des rares bois qui ne pourrit pas malgré le temps. L’isolation des anciens bâtiments était souvent faite en copeaux de cèdre et il est possible de découvrir de vieux murs entièrement pourris dont les copeaux sont demeurés intacts! C’est parce que cet arbre est imbibé d’huiles essentielles aux propriétés antifongiques, antiseptiques et antiparasitaires. À petit dosage, des infusions d’aiguilles de cèdre (idéalement mélangé à d’autres plantes) ou des bains de vapeur peuvent se révéler intéressants en cas d’infections fongiques de type candida. Très riche en vitamine C, le thuya peut aussi aider à lutter contre de nombreuses infections bactériennes, virales, fongiques ou parasitaires; c’est un antiseptique à large spectre, qui ne doit cependant jamais être consommé à haut dosage ou à long terme. Ses cétones sont en effet neurotoxiques à haut dosage, et sa prise doit être évitée chez les femmes enceintes ou allaitantes, chez les enfants et chez les épileptiques. Par ailleurs, l’huile essentielle de thuya ne sera jamais utilisée en diffusion ou en application topique en gros dosage vu sa concentration importante en cétones; elle peut être utilisée en micro-dosage (diluée sur un q-tip) dans des cas de verrues, par exemple, où elle se révèle très efficace.

 

Voilà qui résume bien l’entrée en matière de l’univers des conifères. En tout temps, veuillez vous assurer de ne pas consommer de plantes médicinales ou d’utiliser des huiles essentielles sans accompagnement de votre thérapeute si vous êtes enceinte, allaitez ou suivez un traitement médicamenteux. Pour intégrer un peu ces nouvelles connaissances, je vous invite à découvrir ma recette de gâteau sans gluten aux pousses de sapin et au citron disponible sur le blogue de l’Éco-boutique! Si vous n’avez pas de pousses de sapin récoltées vous-mêmes au dernier printemps, certaines compagnies de chez nous, comme Gourmet Sauvage, en offrent en édition limitée.

 

Maintenant que les conifères vous sont un peu plus familiers, porterez-vous un œil différent sur eux lors de votre prochaine excursion en forêt? Il y a fort à parier que la nature n’a pas fini de vous surprendre!

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